« Quand Olivier m’a demandé de faire Casse-Noisette, j’ai été à la fois surprise et ravie. J’avais vu de nombreuses versions de ce ballet. Il s’agissait toujours d’un merveilleux décor dans une féerie de couleurs, avec une histoire qui tenait parfois de la pantomime. Les numéros de danse étaient souvent époustouflants. Je me suis souvenu de l’origine de l’histoire : l’enfance et la forêt. Je me suis soudain souvenu des chérubins que j’avais fait courir dans l’un de mes spectacles. Soudain, je les ai vus plus grands, plus adultes, mais avec le même esprit d’enfant, et ils avaient gardé leurs petites culottes, leurs chaussettes blanches et leurs chaussures noires. Pour répondre au mieux à cette belle proposition, il me fallait raconter l’histoire autrement. Imaginer une poétique de la danse qui puisse exprimer le monde et le rêve, l’humilité et la fantaisie, quitte à aller parfois à contre-courant de l’imagerie traditionnelle. Et puis il y avait ce passage écrit sur la partition des petits numéros qui évoquait un tour du monde comme un tour de magie. Alors j’ai imaginé un petit cirque joué par ces grands enfants un peu sales, un cirque délabré comme un souvenir de nos vieilles rêveries. Des moments suspendus dans l’éclaboussure du temps. J’ai gardé la merveilleuse musique de Tchaïkovski, en choisissant les morceaux dans l’ordre qui convenait à mon état d’esprit, pour qu’ils vivent profondément et se transmettent mieux. Me voici aujourd’hui lançant sur scène ces enfants des sapins qui, je l’espère, nous feront rêver, rire et danser dans un tourbillon de survie heureuse ! »

Jean-Claude Gallotta